ANDY DE GROAT (New Jersey 1947- France 2019)
CCINP-Andy de Groat - Réalisation du blog : Olivier Clargé
Andy de Groat (1947-2019)
Andy de Groat est né à Paterson, dans le New Jersey en 1947 aux États-Unis de racines hollandaises, italiennes, françaises, allemandes et anglaises. Issu d’une famille modeste, son père Arthur était camionneur, chanteur de country-western jouant de la guitare, de la mandoline et du Banjo, sa mère, Carmella, était femme au foyer.
Abandonnant ses études à l’âge de 16 ans, vivant d’abord de petits boulots avant d'entrer aux Beaux-Arts de New York - The School of Visual Arts, il racontait "[...] le petit ami d’une copine, élève à l’école des beaux-arts comme moi, dirigeait The Bleecker Street Cinema, petite salle de projection au cœur de Greenwich Village, spécialisée dans la nouvelle vague. Devenu son assistant pour un temps, j’ai gobé à répétition les films de Godard, Truffaut, Carné, Fellini, Resnais... et un petit film fait de photographies de Paris disparu d’Eugène Atget qui m’a bouleversé sur les compositions pour piano de Satie."
Pendant cette période entre The School of Visual Arts et le travail au Bleecker Street Cinema, Andy rencontre le metteur en scène Robert Wilson lors d’une projection de L’année dernière à Marienbad de Resnais. C’est le coup de foudre! Il intègre sa compagnie en 1967 en tant que "régisseur puis performer puis danseur puis chorégraphe dans l’ensemble des productions de Bob Wilson du Regard du Sourd en 1971 à Einstein on the Beach en 1976, présentées en Amérique, en Europe - au Festival d'Avignon, au Brésil et au Moyen Orient.
Andy suit le travail de Merce Cunningham, Yvonne Rainer, George Balanchine et Jerome Robbins. Au début des années 1970, il s’intéresse à une forme de minimalisme : le "spinning", un tournoiement répétitif sur soi-même avec différentes positions de bras dans une spirale.
En 1973, il crée à New York sa compagnie « Andy de Groat and dancers » qui deviendra « Cie Red Notes », soutenue par diverses institutions culturelles d'abord à New-York puis en France. C'est peut-être pour cela qu'Andy portait à chaque poignet une montre marquant l'heure des deux pays que sépare l'Atlantique.
De nombreux films témoignent de sa créativité pendant cette période appelé Post Modern Dance : Syracuse Sequence 1976, Cloud Dance 1980, Rope Dance Translation 1974 ...
Red Notes et Fan Dance (appelée aussi La Danse des éventails) sont les deux pièces fondatrices de la Cie Red Notes.
Fan Dance sera considérée comme la signature de la compagnie et l’une de ses pièces les plus représentées. Son œuvre pour Red Notes et d’autres compagnies, compte plus de soixante créations présentées dans vingt pays.
Autodidacte obsédé par le mélange et la coexistence de styles, de techniques, d'époques, Andy de Groat s'intéresse à l'intégration de danseurs amateurs et professionnels dans les mêmes créations.
Il choisit de venir à Paris en 1982 où il travaille avec le GRCOP - Groupe de recherches chorégraphiques de l’Opéra de Paris, puis à Tarbes, à l’Opéra de Massy et également à Montauban de 1997 à 2002.
Iconoclaste, à partir du début des années 1980, il reprend, généralement avec humour, des pièces du répertoire classique tels que Le Lac des Cygnes avec Swan Lac créé en 1982 pour trois interprètes, Casse-Noisette, La Bayadère (en collaboration avec Michaël O’ Rourke) et Giselle échappée.
Parallèlement à ce travail de re-création, il crée avec sa compagnie entre autres, deux opéras : La flûte enchantée mise en scène de Bob Wilson en 1991, Rake’s Progress en 1992 mise en scène par Alfredo Arias, et d’autres créations : Tangos ! en 1995, Mon piano en 1996, Les enfants de Willy en 1998, La folie d’Igitur en 2009 …
Andy développe un travail et un répertoire pour Wah Loo Tin Tin co, une compagnie de jeunes de 7 à 17 ans à Montauban pendant sa résidence d’artiste.
Andy de Groat est décédé le 10 janvier 2019, laissant une œuvre riche et variée basée sur le mélange des genres, des techniques et des personnalités.
Le CCINP (Centre chorégraphique international de nulle part) est créé pour préserver son travail et transmettre ses pièces chorégraphiques.
"Andy, c’est d’abord un regard, un sourire, la beauté et l’humour", se souvient Guy Darmet, directeur de la Maison de la danse de Lyon de 1980 à 2010. "Dans l’explosion chorégraphique des années 1980, il représente l’indépendance, la liberté, un souffle différent de l’abstraction du maître Merce Cunningham. Il est à la fois derviche tourneur et pionnier de la lecture impertinente des grands classiques Casse-Noisette, en 1995, ou La Bayadère, que j’ai programmé en 1988 à la Biennale de la danse de Lyon."
Andy de Groat - Rope Dance Translation en © Lois Greenfield
Andy de Groat en © ?
Andy de Groat - Photo d'une répétition de A letter for queen Victoria de 1974, Andy commençait de mettre en place le Spinning dans cette pièce de Bob Wilson © Byrd Hoffman Wato Mil Foundation Archives
Dans le programme du Festival d'Automne à Paris de 1981, la journaliste et critique de Danse - Marcelle Michel, introduit par un texte la soirée "la Danse Américaine" avec 5 compagnies américaines dont la Cie Red Notes / Andy Degroat.
Voici un extrait de ce texte qui a pour titre "TOUT PART DE MERCE CUNNINGHAM..." :
"Ce faisant Merce Cunningham a ouvert la porte à tous les possibles, et le Festival d'Automne n'a pas fini de nous présenter, d'année en année les rejetons de cette nouvelle danse, ancrée dans le quotidien et capable de se plier à toutes les sollicitations.
Quatre parmi les cinq compagnies programmées au Centre Georges Pompidou se rattachent à ce moment new-yorkais mais chaque chorégraphe - Andy Degroat, Douglas Dunn, Dana Reitz, Karole Armitage - a trouvé sa propre voie et ne ressemble pas aux autres.
Andy Degroat est certainement le plus libéré vis-à-vis de la technique. En 1974, il se consacrait exclusivement au "spinning". Cela paraissait un peu fumiste cette manière d'annexer la danse des derviches tourneurs et de la vider de sa spiritualité pour en approfondir le mécanisme et en capter l'énergie.
Avec la même impertinance lucide, Andy Degroat est capable de démonter n'importe quel système chorégraphique, qu'il s'agisse d'une danse de cour médiévale ou d'un tracé d'oiseaux migrateurs. Il a souvent répété que la technique ne comptait pas et qu'il aimait travailler avec des amateurs. mais on remarque que, de plus en plus, ses danseurs possèdent une formation classique.
Un Ballet comme Red Notes s'appuie sur un texte de Gertrude Stein et y fait directement référence à l'utilisation du procédé répétitif. D'autres ouvrages, comme Angie's Waltz ou Get Wrek, se rapprochent des expériences de Cunningham sur les relations entre danseurs. Mais l'on ne sait jamais où le vent va pousser cet Ariel instable. Sans doute, nous réserve-t-il quelque surprise de taille. ..."
Résumé de pièces du répertoire (listes partielles, certaines pièces perdues et/ou oubliées). Les noms entre parenthèses renvoient tantôt au metteur en scène, tantôt à un compositeur ou un interprète principal :
1971 - Le Regard du Sourd (Wilson)
1972 - The Body hears (Lloyd)
1973 - Paris Sequence
1974
- Une lettre pour la Reine Victoria (Wilson/Lloyd/Galasso)
- Rope Dance Translations
- Rope Dance Translations (solo) - Film Viola Stephan
- Rope Dance Tranlations (quatuor) - Film Horn/Meaney
- Syracuse Sequence - Film Brentano/Horn
1975 - Iranian Suite (Galasso)
1976 - Einstein on the Beach (Wilson/Glass)
1977
- Angie’s Waltz (Lloyd)
- Red notes (Stein/Glass)
1978
- Get wreck (Knowles)
- Fan Dance et/ou La Danse des éventails (Galasso)
1979
- Cloud Dance / Film Brentano
- Bushes of conduct (Eastman)
- Portraits of american dancers (Chopin)
1980
- Gravy (Eastman)
- Giselle échappée (Piollet)
1981
- Thin Ice Nancarrow
- Tender buttons (Stein)
1982
- Bottega Fantastica (Rossini)
- Swan Lac
1983
- Nouvelle lune, c’est à dire (Piollet/Guizerix)
- Josephine, la cantatrice (Kafka/Cybils)
1984 - La petite mort
1985
- La Belle et la Bête (Piollet/Guizerix)
- Giungla (La Scala de Milan)
- Portraits de danseurs (Piollet/Guizerix/GRCOP)
1987 - La route de Louvie-Juzon et Red notes (GRCOP)
1988 - Orphée et Eurydice (Gluck/Vergès)
1989
- May meets Marie
- l’AN I (Youngerman)
- Black Ice
- Melon Royal (GRCOP)
1990 - Stabat (Pergolesi/Galasso)
1991 - La Flûte Enchantée (Mozart/Wilson) ________ 1991-2004
1992 - The Rake’s Progress (Stavinsky/Arias) _______ 1992-1997
1993
- Ma déesse s.d.f. (Kalpana)
- Le faune dévoilé (Paré)
- Giselle échappée (trio : Piollet/Guizerix/Paré)
1994
- Les 7 dernières paroles du Christ (Guizerix)
1995
- Tangos !
- Casse-Noisette
1996 - Mon piano
1998 - Les Enfants de Willy
2000
- Piccoli Pezzi
- Aïda (Verdi/Grüber)
- Anacréon (Cherubini/Gagneron)
2003 - Alessandro d’Amore (Scarlatti)
2005 - Nasse-Croisette et La Danse des éventails (Ballet du Nord)
2007
- Fragments (MPAA)
- Swan Lac (Ballet de l’Opéra d’Avignon)
2009 - La Folie d’Igitur
2010 - Films sur les carnets red notes (Dominique Brunet) 2010-2011
2011 -
Pas de parade (Satie/Conservatoire de Marseille)
- Hommage à Michael Galasso (BnF)
2012
- Kata Karma Kabaret (MPAA)
- Piccoli Pezzi/Casse Noisette (Mutins/Grenoble) 2012-2013
2015 - Cocteau Cocktail (Cocteau/Bargues - MPAA)